Débats et réflexions

Bienvenue. Les articles de ce blog sont classés en deux catégories : une première traitant directement l'actualité (débat) et une deuxième concernant les articles traitant de sujets plus intemporels (réflexion). Le but étant de vous faire réagir, n'hésitez pas à mettre un commentaire sur les articles qui vous intéressent.

jeudi, mai 28, 2009

FN et médias : un théâtre fort populaire

C’est un jeu à deux. Comme une valse. Ou une ballade amoureuse. Le Front National et certains médias flirtent comme deux adolescents et font semblant de se haïr comme un vieux couple. En réalité, c’est bien un jeu à deux qui se joue entre ceux-là. Un jeu pernicieux, discret, dont personne n’édicte les règles, qui pourtant existent : je t’aime, moi non plus. Mais ne le dites à personne, tout le monde doit savoir, personne ne doit comprendre.

Une représentation théâtrale parfaite…

A priori adversaires, les médias et le FN sont en réalité copains comme cochons. Adversaires supposés puisque le FN est LE parti à honnir et bannir, et puisque les médias se doivent d’être les garants de la démocratie… et d’une certaine pensée. Il s’avère que le jeu est plus subtil. Un jeu gagnant/gagnant. Une pièce de théâtre extrêmement bien huilée se déroule sous nos yeux entre le FN et une partie des médias. De quoi s’agit-il ? Je t’aime, moi non plus, bien sûr ! C’est l’histoire d’un amour impossible, mais pourtant réel et effectif.

Un amour où chacun y trouve son compte. Les médias, prompts à courir après l’audimat (ce qui n’est pas un mal en soi), cherchent, ou plutôt provoquent, les déclarations au vitriol de Le Pen et consorts. Les questions des journalistes sont très souvent clairement orientées pour que le FN réponde exactement ce que le public attend de lui : des propos détestables. Ce type de discours ou de sorties, comme les déclarations sur les chambres à gaz allemandes, est une mine d’or pour des médias, alors effarés… en public.

En privé, bien sûr, c’est la course au trésor. La mécanique est simple : détester Le Pen sur les plateaux de télévisions, l’adorer en salle de rédaction. Ainsi, deux précieux objectifs sont atteints : se fondre dans le politiquement correct, voire le politiquement obligé, et réaliser parallèlement un bon score d’audimat. En un mot, éviter de salir les mains aux yeux du public, tout en le satisfaisant en jetant en pâture au public un FN qui ne demande que ça...

... dans quel but ?

Mais au fait, tout ça pour quoi ? Pour aller où ? Pour construire quoi ? Ce type de théâtre est inutile à la politique et à la société. Inutile politiquement car, a priori, le FN n’arrivera jamais au pouvoir… parce que lui-même ne le veut pas. La posture d’opposant systématique est bien trop confortable. On se situe donc, encore et toujours, dans le théâtre : je (médias) fais semblant de te craindre et tu (FN) fais semblant d’être un martyr. La belle et la bête, revisitée… pour les adultes.

Inutile également pour la société. Inutile car c’est en dressant des épouvantails pareils qu’on s’arrête de penser. Il est en effet d’une affreuse banalité que de dire que la peur gèle la pensée. C’est historique… et actuel. Or, pour quelle raison les Lumières se sont-elles battues, si ce n’est pour penser par nous-mêmes ? Si ce n’est pour s’affranchir d’une pensée unique et obligée ? Tout le monde l’a déjà vécu : entendre quelqu’un affirmer haut et fort qu’il est pro-FN dans un dîner, une fête, un camping ou que sais-je, c’est constater un ostracisme direct et définitif. En général, c’est le but de ce genre de discours, volontairement provocateur. Mais c’est aussi le but du public, volontiers politiquement correct. Un pur jeu d’acteurs, donc. Et un certain retour, voire un retour certain à la pensée unique.

Où va-t-on, en prenant ce chemin ? Très simplement, vers une « démocratie » politiquement correcte. En d’autres mots, on pourrait dire une démocratie intellectuellement inexistante. Pour un système qui se pare d’être le régime héritier des Lumières, Voltaire, Montesquieu, Diderot et tous les autres doivent faire les montagnes russes dans leurs tombes.

Comment renverser la vapeur ?

Rêvons d’un monde idéal. Un monde dans lequel les médias ne se contenteraient plus d’inviter Le Pen quand celui-ci fait une sortie tonitruante pour le sortir de son isolement médiatique. Un monde dans lequel les médias l’inviteraient à débattre avec les autres politiques, régulièrement, et lui poseraient des questions sur l’environnement, les finances, la santé publique, etc. En un mot, un monde dans lequel les déguisements seraient rangés définitivement au placard : les cornes de diable pour le FN et les ailes d’ange pour les médias.

Que se passerait-il alors ? Deux possibilités : soit la vacuité du programme du FN serait mise en avant et seuls quelques irréductibles voteraient encore pour lui. Soit le FN se muerait en parti de pouvoir, donc raisonnable, et construirait un vrai programme de gouvernement. Quoi qu’il en soit, la dédiabolisation du parti aux yeux du public qui s’ensuivrait n’érigerait plus le FN en martyr, donc en parti séduisant.

Ainsi, les électeurs du FN ne se sentiraient plus exclus par une pensée unique aussi stupide que dangereuse. Ils devraient alors logiquement choisir : si le FN deviendrait un parti de gouvernement possible, ils devraient alors se ranger et accepter que le FN n’est plus. Si le FN resterait lui-même, ils devraient alors accepter d’être exclus du jeu politique… tout en n’engrangeant plus les anciens dividendes de la posture de martyr.

Là aussi, un jeu gagnant/gagnant, donc, puisque le FN sera soit intégré dans le jeu parlementaire et pourra oeuvrer pour la Nation, soit exclu mais sans posture de martyr, donc sans dividendes. Un scénario à une seule issue : la "normalisation politique" du FN, car à quoi bon tenir un parti exclu mais sans bénéfices de cette exclusion ? Mais pour cela, il faudra que le théâtre ferme définitivement ses portes. Et aujourd'hui, les portes sont grandes ouvertes, et le public afflue.

jeudi, avril 30, 2009

Royales excuses

Ségolène Royal a une excuse. Elle a perdu en 2007. Malgré cela, la présidente de Poitou-Charentes a plus d'un tour dans son sac. En ce mois d'avril, Ségolène a choisi d'étrenner... les excuses. S'opposer ne suffisait sûrement plus. Il fallait faire acte de contrition. Le tollé, à droite, est logiquement immédiat. Mais pas seulement. Alors, à tort ou a raison, ces excuses ?

Il faut peser le pour et le contre. Le trublion socialiste avait plusieurs raisons d'effectivement faire ces excuses. J'en vois au moins deux.

1. Reprendre sa place d'opposante n°1 à gauche (au sens large du terme) face à Nicolas Sarkozy. Le PS, débordé à sa gauche par un postier décidemment très agité, se fait griller la politesse pour le rôle d'opposant le plus véhément au Président de la République. Pour rester dans le casting, il faut être plus virulent que Besançenot. Tout en restant crédible. La quadrature du cercle. A ce jeu-là, des excuses ne mangent pas de pain et n'entament en rien la crédibilité d'une possible candidate.

2. Se produire sur la place publique. Autrement dit, faire du bruit pour exister. Et pour être entendu, il faut trouver des canaux de relais. Autrement dit, les médias. Certes, on pourrait disserter pour savoir si les sorties spectaculaires de Royal la servent plus qu'elles ne la desservent, reste que la dame ne s'use pas. Là où les Fabius, les Hollande, Strauss-Khan et Aubry ne font plus un strapontin, Royal remue les foules. Elle vocifère, les médias s'en saisissent... et on en parle au café. Preuve que ça marche.

A contrario, je vois également au moins deux raisons pour lesquelles Royal aurait dû s'abstenir.

1. Démagogie. On peut retourner la chose dans tous les sens, on ne peut que constater la démagogie du propos. Ségolène Royal a fait du journalismo-politique, ou du politico-journalisme : sortant un extrait de phrase de son contexte, elle a clairement surfé sur une vague médiatique en rajoutant son poids de politique dans l'affaire. Cela s'appelle faire du bruit sur du bruit. Sur le fond, les idées politiques, les convictions, c'est le néant.

2. Proposer. S'opposer, c'est bien. Mais c'est insuffisant. Tout le monde le pense, le sait, le dit. Et pourtant. Royal en rajoute. En critiquant, de façon originale certes, Sarkozy tous azimuts et constamment, elle coule son propre navire. D'abord parce qu'elle reconnaît implicitement que Sarkozy mène les débats en France, comme lors de la campagne où Royal réagissait plus qu'elle n'entrepreunait. Ensuite parce qu'elle rajoute un coup de hache sur la coque du paquepot socialiste, sur laquelle est inscrit : "et les alternatives ???". A ce jeu-là, Bayrou échangera bientôt son esquif contre le Titanic socialiste...

Alors, d'après vous, à tort ou a raison, ces royales excuses ?

mercredi, septembre 26, 2007

La cascade Iranienne

Les réactions aux propos de M. Kouchner, sur la possibilité d'une guerre contre l'Iran, sont ahurissantes. Plus largement, toute l'affaire Iranienne face à la communauté internationale est ubuesque. Et entraîne une cascade encore plus dangereuse que celle de l'enrichissement d'uranium... De cris d’orfraie en mensonges, de mensonges en hypocrisie, d’hypocrisie en immoralité, et d’immoralité en danger…

On ne comprend pas. Toujours pas. Quelques jours après la phrase malheureuse de Bernard Kouchner concernant l’Iran ; « le pire, c’est la guerre », on ne saisit toujours pas le sens des cris d’orfraie qui s’ensuivirent. Car c’est bien une possibilité très sérieuse, réaliste, et à ce titre envisageable qu’annonça Bernard Kouchner.

Un Etat qui possède la bombe atomique représente de facto un danger pour l’humanité, quel que soit l’homme au pouvoir de cet Etat. A ce titre, affirmer que la bombe est autrement plus redoutable parce qu’elle est Iranienne est totalement ridicule. Et prodigieusement hypocrite. Hypocrite parce que les Etats qui font la leçon à l’Iran (Etats-Unis, France, Grande-bretagne en tête) font partie de ceux qui sont signataires du TNP (traité de non prolifération nucléaire).

Que dit le TNP ? Que chaque Etat qui l’a signé assure abandonner son arsenal atomique, en le démantelant progressivement. Cette partie du traité a été complètement abandonnée. Oubliée. Zappée. Heureusement, les écrits restent. Les membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU, tous signataires du TNP, sont donc tous en illégalité totale. Ou à tout le moins, même si le TNP n’avait pas de force juridique, sont-ils en contradiction flagrante avec leurs engagements pris via le TNP.

Et pourtant. Ces Etats poussent non seulement l’Iran à stopper son programme nucléaire via des résolutions contraignantes à l’ONU, mais également rivalisent d’épouvante devant les propos de M. Kouchner. On arguera que la diplomatie, plus encore que la politique, est un gigantesque jeu d’échec théâtralisé. Chacun avance ses pions, mais masqué. Seulement, on ne peut pas se satisfaire d’une telle justification. Le ministre des affaires étrangères Français a raison.

"La guerre ? C’est certes mener à un désastre régional, mais ce pour éviter un cataclysme mondial"

La situation était la même quand, pendant son 2nd mandat, M. Chirac affirmait que l’Iran nucléarisé militairement n’était finalement pas si dangereux. Simplement parce que si elle lâchait une bombe sur Israël (cible probable d’une ô combien hypothétique frappe), Téhéran serait rasé dans les minutes qui suivraient, alors que la bombe Iranienne n’aurait pas encore atteint sa cible. Oui, cela aussi, ce n’est que la stricte vérité. Mais elle dérange.

Elle dérange les Etats qui sont jaloux de leur exclusivité nucléaire. Et les propos de M. Kouchner dérangent les pacifistes et tous ceux qui ont des intérêts stratégiques en Iran. Alors faut-il se le cacher, encore et encore ? Oui, bien que la bombe atomique soit une arme de « non emploi » comme l’a illustré Jacques Chirac, l’Iran possédant cette arme serait un grand danger. Cependant non, pas parce que le détenteur est l’Iran, mais bien parce qu’il s’agit d’une arme capable d’annihiler l’humanité.

Partant, oui, une guerre doit rester envisageable. C’est certes mener à un désastre régional, mais ce pour éviter un cataclysme mondial. Et non, considérer comme possible une guerre n’est pas une hérésie stupide d’un « va-t-en-guerre ». Car un pays de plus armé à l’atomique sera toujours un danger supplémentaire. Quel qu’il soit.

Ces cris d’orfraie ne sont donc que l’expression d’un mensonge (oui la guerre est envisageable). Et ce mensonge n’est que pure hypocrisie (oui, les Etats signataires du TNP doivent désarmer avant de faire la leçon à l’Iran). Cette hypocrisie, quant à elle, n’est rien d’autre que le paravent d’une flagrante immoralité (seul un cercle restreint peut-il posséder l’arme atomique ?). Enfin, cette immoralité n’est que le prélude d’un danger incommensurable (les injustices ayant toujours été un terreau fertile de conflits).

vendredi, juillet 20, 2007

Ciste-ra

Si le but était de faire du bruit, Dominique Sopo a brillamment réussi. Après un article au titre tapageur « Rachida Dati, une beurette à abattre ? » avec un point d’interrogation pour la pure forme, de purs stéréotypes sur les blancs, une réaction communautariste à un trouble politique, on est stupéfait. Stupéfait d’une telle stupidité.

Retour en arrière. Peu après son arrivée au ministère de la Justice dans le gouvernement Sarkozy (pardon, Fillon), Dati subit quelques déconvenues embarrassantes : certains de ses conseillers et son directeur de cabinet se font la malle. Dans un premier temps, fronde à l’UMP, les critiques fusent sur la personne de Dati. Rien d’anormal jusqu’ici, on lave son linge sale en famille.

C’est dans le deuxième temps que les choses prennent un tournant ubuesque. Dominique Sopo, président de SOS racisme, décide de taper du point sur la table. Pour ça, rien de tel qu’une belle envolée lyrique pleine d’exemples et comparaisons nauséabondes, mais vide, ô combien vide, de toute réflexion un tant soit peu, sinon intelligente, au moins réfléchie.

Dominique Sopo a en effet confondu l’eau et l’huile pour éteindre le feu du racisme, qui ne brûlait même pas ici. Il l’a donc lui-même allumé en affirmant que les troubles chez Dati étaient purement et simplement à mettre sur le compte de la couleur (et donc l’origine) de la ministre. Problème : Dati est née en France, ce n’est donc mécaniquement pas de la xénophobie, et elle est décrite comme autoritaire, voire caractérielle, ce qui peut être une piste pour le départ de ses collaborateurs.

Combien de problèmes, de troubles, de déchirures entre ministres, entre collaborateurs, conseillers… Vu le zèle de Sopo, on se demande pourquoi il n’a pas pris la même brillante initiative quand un Français, certes, mais d’origine hongroise, piquait la place de présidentiable, en 2006, d’un bon Français d’origine, noble de nom, Bonapartiste de conviction…

"L’initiative de Sopo restera un moment noir pour SOS racisme"

Les déchirures politiques sont légions. Mettre celle-là, le cas Dati, sur le compte du racisme relève du fantasme, voire du (très mauvais) goût à chercher scrupuleusement l’atteinte raciste qui fera du bruit. Pourtant, si certaines révélations de SOS racisme se sont en effet révélées véridiques, ici rien de cela. Pas de testing, pas de voix off pour preuve, pas de même de déclaration de Dati, et il serait ô combien étonnant, au vu du caractère de la ministre, qu’elle s’auto plongerait dans un mutisme en cas de vraie atteinte raciste…

L’initiative de Sopo restera un moment noir pour SOS racisme, tant cette association est nécessaire et, ici, décrédibilisé par son président. Sopo ne se contente pas en effet d’enflammer le communautarisme, il plonge dans la détresse tous ceux atteints de vraies agressions racistes, et aussi tous les Français d’origine étrangère ou immigrés.

Premièrement, parce que quand on crie au loup, les gens finissent par détourner le regard. Deuxièmement, parce qu’il ne met pas sur un pied d’égalité fils ou fille d’immigrés et Français d’origine. Il fait de ces premiers des parias, tout juste bons à se défendre (via… lui) en cas d’atteintes racistes, et les surexpose en perpétuelles victimes.

Sopo s’est trompé. Le cas Dati n’a, on peut l’affirmer sans trop de risque, rien d’une affaire raciste. Sopo a ici agit dangereusement. On imagine en effet sans peine les discussions dans les foyers Français fleuretant avec le racisme, passablement énervés par cette « victimisation » à outrance, ne faisant que renforcer leur conviction. SOS, Sopo, SOS…

lundi, mai 14, 2007

Ces émeutes qui font pschitt : la raison gagnante

Ils nous avaient promis des émeutes, il y eut des quelques voitures brûlées. Ils nous avaient juré l'enfer, il y eut quelques mouvements d'excités. Ils nous avaient annoncé une vengeance impitoyable, il y eut un blocage de fac vite maîtrisée. Le mouvement protestataire contre Sarkozy est un échec, en amont (campagne de diabolisation) et en aval (protestations post élection). Excellente nouvelle !

Un "épiphénomène", un "mouvement minuscule", un "allumage de mèche qui n'a pas pris". Les adjectifs ne manquent pas dans la bouche des économistes, politologues, et même syndicats. Et font jour de la vérité : le mouvement contestataire anti Sarkozy post élection a fait pschitt, pour reprendre un mot célèbre de l'ex Président Chirac.

Voilà une excellente nouvelle. Car cela rend un échec cinglant aux Cassandre, voire aux crieurs au loup, ceux qui annonçaient l'apocalypse en cas d'élection de Sarkozy. Un Sarkozy fasciste, raciste comme Hitler, contrôlant les médias comme Berlusconi, concevant le pouvoir comme Poutine.

Le vent de haine n'a pas pris. Cette infime minorité que tout la France regarde avec stupéfaction, voire peur, mais parfois également avec mépris, passe pour une majorité en raison de leur capacité à faire (seulement) beaucoup de bruit. Tellement de bruit qu'ils en oublient une chose fondamentale, un fait qui portera toujours leurs projets en échec : les gens ne sont pas des benêts, suivistes stupides, triplés d'écervelés.

"Certains, passablement énervés par ces évènements, se disent qu'il faudrait que cette France paye. Il vaut mieux, à coup sûr, jouer l'apaisement"

Cette campagne de diabolisation infâme de Sarkozy n'a pas pris. Ils ont pourtant attaqué sur tous les fronts, pris les pires comparaisons, cité les pires exemples historiques. Et pourtant. M. Sarkozy a été élu, en se payant le luxe de mettre une raclée au PS, lequel a surfé sur cette vague de diabolisation.

Mais ces animaux féroces sont aussi tenaces. Nouvelle création émanant de la "lutte" : la grève préventive. Certains étudiants (ou non étudiants), encore un fois représentant une infime minorité, ont bloqué la fac de Tolbiac, à Paris. Là encore, la mayonnaise haineuse n'a pas prise.

Que de soulagements ! Certains, passablement énervés par ces évènements, se disent qu'il faudrait que cette France (répétons-le, bruyante mais extrêmement minoritaire) paye, apprenne à respecter la démocratie, revienne à la raison. Mais le pays n'a pas besoin de cela. Il vaut mieux à coup sûr jouer l'apaisement. Pour rassembler, autant que faire se peut, le pays.

Ces perturbateurs ont incontestablement pris une douche froide le 6 mai à 20h. Pourtant, ils sont encore à l'état de braise ardente. Le feu de la haine est conséquent, épais, difficile à éteindre. Encore, donc, une douche froide ? Souhaitable pour calmer ces (mauvaises et dangereuses) passions, mais avec jet doux, pas au Kärcher.

jeudi, mai 03, 2007

Fantasmes : les souillures de 2007

Nous sommes à la veille du 6 mai 2007, Jacques Chirac est dans les cartons, Sarkozy et Royal préparent leurs derniers meetings. Si cette élection a tout de sain, participation élevée, extrêmes en chute, un vent nauséabond s’est malgré tout glissé dans le débat : Sarkozy serait dangereux, et partant, il n’est plus l’homme à battre, mais le loup à abattre…

Faut-il que l’élection présidentielle soit un non choix ? En 2002, quand le président sortant Chirac était opposé à Le Pen, ce fut le cas. Si les Français avaient le choix dans la pratique, car deux bulletins étaient bien présents dans les urnes, ils ne l’avaient pas du point de vu de l’éthique et de la responsabilité.


Nous sommes en 2007. PS et UMP sont au second tour, les deux formations ont obtenu de bons résultats au 1er tour, les deux candidats ont débattu publiquement. La majorité s’accorde pour affirmer que 2007 est une belle présidentielle, et pas seulement grâce à Royal. Un taux de participation dont on peut être fier, un recul des extrêmes des deux bords dont on doit tout autant être satisfait, et un débat final plutôt riche.


Que de bonnes nouvelles donc ? Que de bonnes bases pour, une fois dans l’isoloir, choisir, vraiment choisir, entre deux possibilités crédibles ? Oui, assurément. Et pourtant. Un vent nauséabond circule en France, sur Internet, entre amis, dans les cafés, au sein des cercles militants. Il circule, et nous prévient : un des deux candidats est… dangereux.


Les deux formations dit de « gouvernement », c’est-à-dire aptes à gouverner, sont au 2nd tour, et pourtant, d’après ce vent nauséabond, nous n’avons pas le choix. Etrange assertion. Nicolas Sarkozy serait dangereux. Le fantasme : oui, c’est bien lui, d’après ce qui circule, qui contrôle tous les médias, ou à tout le moins les grands groupes de presse. Le fantasme continue : oui, c’est bien lui qui enverra les militaires Français en Iran avec les Etats-Unis (ou sans, soyons fous jusqu’au bout) pour contrer l’ambition nucléaire de la République islamique. Le fantasme toujours : oui, c’est bien lui qui chargera moult charters d’immigrés pour les reconduire vers leurs pays respectifs.


La vérité : Sarkozy a bien des amis qui sont patrons de grands groupe de presse, Martin Bouygues (TF1) et Arnaud Lagardère (Europe 1, Europe 2, RFM, le journal du dimanche, Paris Match etc.) en tête. Ce qui ne valide pas les soupçons à son endroit de contrôle exacerbé de la presse. Pour prendre le dernier exemple qui a fait scandale, le débat Royal-Bayrou où il y aurait eu des « pressions » de Sarkozy pour que ce débat n’ait pas lieu, les journalistes de la presse quotidienne régionale et de Canal + ont formellement démenti : aucune sorte de pression.


"Il est aisée, voire glorifiant de voter Royal, alors qu’il est très difficile, voire honteux de voter Sarkozy."


La vérité : Nicolas Sarkozy s’est rendu aux Etats-Unis pour discuter avec Bush et affirmer que la France est un pays ami des Etats-Unis. Il a ajouté que le refus d’aller en Irak de la part de la France était formulé de façon arrogante, que la France pouvait contester les décisions des Etats-Unis sans suffisance. Enfin, il a affirmé qu’Israël doit être protégé du nucléaire iranien, dont le président Ahmadinejad souhaite « rayer Israël de la carte ». Jamais, de près ou de loin, Sarkozy a soutenu une intervention militaire en Iran, que Bush souhaite effectivement en cas d’escalade.


La vérité : Nicolas Sarkozy a effectivement affirmé que certains immigrés en situation illégale retourneront dans leurs pays d’origine. Il n’a jamais affirmé que tous les immigrés seront renvoyés chez eux. Il faut ici, de plus, dissocier rhétorique des faits : le discours est effet véhément concernant les immigrés sans papiers, mais les préfectures continuent de régulariser ceux qui remplissent les critères de régularisation. Non, donc, tous les immigrés ne rentreront pas chez eux si Sarkozy est président, car il y a des réalités, loin des fantasmes.


Il ne s’agit pas ici de faire campagne pour Nicolas Sarkozy, il s’agit de rétablir la vérité. A quelle fin ? Que la démocratie Française soit saine. Tous ces fantasmes basés sur des mensonges ou exagérations nuisent assurément à notre démocratie. Faire peur, imposer un choix, et pire, fustiger ceux qui votent Sarkozy est une ineptie d’ampleur inédite. Il est aisée, voire glorifiant de voter Royal, alors qu’il est très difficile, voire honteux de voter Sarkozy.


Non, ce n’est pas normal et c’est nuisible. Nuisible à la démocratie car beaucoup d’électeurs ne peuvent que très difficilement s’exprimer, mais également nuisible au PS et à tous ceux qui crient au loup, car cela décrédibilise totalement ceux-ci. Se contentant de fantasmes, de peurs, de pressions sur les électeurs Sarkozy, ils en oublient leur projet, leurs idées, le programme de leur candidate. Pourtant, un Président doit être élu sur précisément un projet pour la France.


C’est donc une attitude dommageable pour tous, la démocratie, réduite à un référendum là où il y a un choix, les électeurs de Royal, décrédibilisés, les électeurs de Sarkozy, contraints au mutisme. Le président sortant appellerait ça une fracture sociale… entre électeurs.

lundi, avril 23, 2007

2007 : Deux vainqueurs, quatre finalistes

Bayrou n'y sera pas. Et pourtant, il peut être fier. Il a triplé son score par rapport à 2002. Et surtout, il a imposé un vrai centre. Libre, non inféodé à un quelconque parti. Le candidat a assuré que la politique ne sera plus jamais la même. On laissera le temps (et les résultats des législatives) répondre.

A côté de cette incertitude, il y a en des certitudes qui s'imposent après ce premier tour. La campagne a été critiquée, attaquée, condamnée. Et pourtant. 85% des électeurs ont voté. Ce n'est pas un sursaut civique, c'est une vraie prise en main citoyenne. Presque 15 points de plus en terme d'électeurs comparé à 2002, c'est la vraie bonne surprise de 2007. Avant les deux finalistes, c’est la démocratie qui sort redoré de cette élection. Rappelons que dimanche, il faisait beau…

Autre certitude : l’espoir renouvelé. Il y eu les troubles de la gare du Nord, les meurtres, les enlèvements, les tombes profanées juste avant le 22 avril ? Et pourtant. Le Pen, candidat qui profite théoriquement, et surtout historiquement, de ces violences, a chuté de 6 points. C’est la deuxième grosse surprise de 2007. Ce n’est pas un doute dans le vote Le Pen, c’est une vraie désaffection.

"Quel que soit le résultat du 6 mai, ces deux vainqueurs sont immuables: la démocratie et l’espoir"

Car Le Pen a gardé sensiblement le même nombre de voix qu’en 2002 : environ 4 millions et demi. Mais la fracture est ici : même score pour plus d’électeurs : 1.8 millions en plus par rapport à 2002. En un mot, Le Pen a stagné en nombre, mais en proportion, il a chuté. Conséquence de ses nouveaux électeurs d’abord, mais aussi des Français « anciens » électeurs qui se sont bougés dimanche 22 avril 2007, alors qu’ils étaient restés chez eux le 21 avril 2002.

Cette présidentielle arbore donc un second tour avec deux finalistes, mais quatre vainqueurs. Royal et Sarkozy concourent pour l’Elysée, ce sont les deux finalistes et deux des quatre vainqueurs. Les deux autres ? Par son taux de participation historiquement élevé, l’élection 2007 a consacré la démocratie. Par le dépeçage de Le Pen, cette élection consolidé l’espoir. Quel que soit le résultat du 6 mai, ces deux vainqueurs sont immuables : la démocratie et l’espoir.